374 manières de ne pas être normal
Il devient de plus en plus difficile d’être normal.
Si vous êtes agité, vous n’êtes pas normal : vous êtes hyperactif, et c’est une maladie mentale. Et si vous n’êtes pas d’accord, si vous râlez, c’est encore plus grave : vous êtes paranoïaque. Si votre enfant a des problèmes de lecture, il n’est pas normal non plus : il souffre d’un trouble de l’apprentissage, le pauvre. Si vous êtes enthousiaste, mais pas tout le temps, vous n’êtes pas normal : vous êtes bipolaire. Et si vous croyez en Dieu, là non plus vous n’êtes pas normal : vous souffrez d’une des nouvelles maladies qui vient de sortir… elle a un nom que j’ai oublié, un nom mystérieux comme un titre de film d’espionnage.
Pour l’instant, il y a trois cent soixante quatorze manières de ne pas être normal, trois cent soixante quatorze troubles mentaux énumérés dans le manuel officiel des troubles mentaux (DSM-IV). Mais ce chiffre est en augmentation constante…
Pour être normal, il n’y aura bientôt plus que deux possibilités :
1/ être mort
2/ être psychiatre. Dès que vous êtes mort, vous redevenez normal : un cadavre comme les autres, pas plus enthousiaste, hyperactif, paranoïaque, borderline, etc., que les autres. Dès que vous êtes psychiatre, vous redevenez normal aussi, car c’est vous qui décidez qui l’est et qui ne l’est pas. Et qui oserait prétendre que le juge est coupable ou que le psychiatre est fou ?
« Vous prendrez trois cachets d’effexor tous les soirs… et si ça ne suffit pas, on augmentera les doses. Les effets secondaires ?… Quels effets secondaires ?… Ne vous occupez pas de ça, ça ne vous regarde pas. »
« Vous ne voulez pas prendre de cachets ?… Vous ne voulez pas voir un psy ?… Alors, ne venez pas vous plaindre, car au fond, vous ne voulez pas aller mieux ! Vous vous complaisez dans votre malheur, et puisque vous ne voulez rien faire pour vous, on ne peut rien faire pour vous. Allez, dégage, ton malheur on s’en fout !«